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Le nettoyage ethnique de la Palestine
Ilan Pappé (2008, Fayard)
iBouquin:https://mega.nz/file/MIZ3SJBb#mk2VT-ZiGoWHn-eJvlNTkRy3aAMqjZRInoCuerDx9BU
Si t'as les moyens (rééd.2024):
https://lafabrique.fr/le-nettoyage-ethnique-de-la-palestine/
Présentation:
A la fin de 1947, la Palestine compte près de 2 millions d’habitants : un tiers de Juifs, deux tiers d’Arabes. La résolution 181 des Nations unies décide sa partition en deux Etats : l’un doit être presque exclusivement peuplé d’Arabes ; dans l’autre, les Juifs seraient légèrement majoritaires.
Un an plus tard, c’est un Etat à très forte majorité juive, Israël, qui occupe 78 % de la Palestine. Plus de 500 villages ont été rasés, de nombreuses villes ont presque entièrement perdu leur population arabe. Et 800 000 Arabes palestiniens originaires des territoires qui font désormais partie d’Israël peuplent des camps de réfugiés hors de ses frontières.
A en croire l’historiographie israélienne traditionnelle, cette situation serait la résultante imprévisible, involontaire, des aléas d’un conflit armé : la « première guerre israélo-arabe ». Mais Ilan Pappe en donne ici une explication bien différente. A l’aide de documents d’archives, de journaux personnels, de témoignages directs, il reconstitue en détail ce qui s’est vraiment passé à la fin de 1947 et en 1948, ville par ville, village par village. Apparaît alors une entreprise délibérée, systématique, d’expulsion et de destruction : un « nettoyage ethnique » de la Palestine.
En quelques mois, forts de leur supériorité militaire, de leur accord secret avec le roi de Jordanie, de la passivité complice des soldats britanniques et de l’impéritie de l’ONU, les dirigeants du mouvement sioniste ont organisé le « transfert », par la violence et l’intimidation, d’une population arabe plutôt pacifique, sans défense, abandonnée de tous.
A la veille du soixantième anniversaire de la création de l’Etat d’Israël, ce livre passionnant vient rappeler que la résolution du problème des réfugiés doit être la pierre angulaire de toute tentative de paix dans la région.
Dans cet ouvrage majeur, Ilan Pappé, historien israélien de renom, revient sur la formation de l’État d’Israël : entre 1947 et 1949, plus de 400 villages palestiniens ont été délibérément détruits, des civils ont été massacrés et près d’un million d’hommes, de femmes et d’enfants ont été chassés de chez eux sous la menace des armes. Ce nettoyage ethnique a été passé sous silence pendant plus de soixante ans et peine encore à être considéré dans sa pleine mesure.
S’appuyant sur quantité d’archives, Ilan Pappé réfute indubitablement le mythe selon lequel la population palestinienne serait partie d’elle-même et démontre que, dès ses prémices, l’idéologie fondatrice d’Israël a œuvré pour l’expulsion forcée de la population autochtone.
Ce qui fut un grand livre d’histoire est aujourd’hui une lecture indispensable hélas éminemment d’actualité.
« En regardant les preuves, je voulais savoir qui était responsable de cette catastrophe. À travers mes recherches, reconstituées dans ce livre, j’ai pu identifier un groupe de politiques et généraux israéliens qui ont décidé et organisé l’expulsion massive des Palestiniens en 1948 comme précondition pour la création de l’État d’Israël. », Les Enjeux Internationaux de France Culture, 24 juin 2024.
« Ilan Pappé : « La guerre à Gaza n’est pas de l’autodéfense, mais un génocide » », Mediapart, 24 juin 2024.
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Ilan Pappé (אילן פפה en hébreu)
est un professeur d'université et historien israélien. Il fait partie des « nouveaux historiens » qui ont réexaminé de façon critique l'histoire de l'État d'Israël et du sionisme. Il est fils de juifs Allemands ayant fui leur pays, après l'accès d'Hitler au pouvoir. Après ses études secondaires, il effectue à compter de fin 1972 ses trois années de service militaire ; lors de la guerre du Yom Kippour (du 6 au 24 octobre 1973), il est notamment actif dans une unité de l'armée, qui opère sur le plateau du Golan, en Syrie.
Après son service, il entreprend des études supérieures et il est titulaire d'un diplôme de niveau licence de l'Université hébraïque de Jérusalem obtenu en 1978. Il quitte ensuite Israël et effectue ses études doctorales en Angleterre à Oxford dont il est docteur en 1984. Après l'obtention de son doctorat, il retourne dans son pays et devient alors professeur au sein de l'Université d'Haïfa jusqu'en 2007.
Au cours des années 2000, Ilan Pappé a été le sujet de plusieurs polémiques, notamment à la suite de la tuerie faite par des membres de la Haganah à Tantura et à son appel au boycott des universités israéliennes, ce qui l'a conduit à entrer en conflit avec ses collègues de l'université de Haïfa et en particulier avec Yoav Gelber. Benny Morris, également « nouvel historien », et lui ont fortement divergé sur leurs analyses des événements de 1948 et dans leur vision des responsabilités du conflit israélo-palestinien.
À la suite de controverses[*] [et de menaces sérieuses sur sa vie et celles des siens], sur ses travaux sur le sionisme sur la création de l'Etat juif et de ses positions politiques en Israël, il s'est exilé en Grande-Bretagne en 2007. Il est aujourd'hui professeur d'histoire à l'université d'Exeter et directeur du Centre européen d'études sur la Palestine.
En 1996, il s'est présenté comme candidat à la Knesset sur la liste du Hadash emmenée par le Parti communiste israélien.
Ilan Pappé est antisioniste, et était membre en 2002 du Parti communiste israélien.
Il est membre du comité de parrainage du Tribunal Russell sur la Palestine dont les travaux ont commencé le 4 mars 2009.
Il est actif dans le mouvement BDS qui vise a boycotter par exemple les universitaires israéliens.
[*Les causes de l'exode des 700 000-750 000 Palestiniens qui vivaient dans la partie de la Palestine qui devint Israël en 1948 ont fait l'objet d'une controverse entre historiens. Les historiens israéliens affirmaient que les Palestiniens avaient principalement fui à la suite d'ordres des dirigeants arabes ; tandis que d'autres estimaient que l'exode aurait été planifié par les autorités israéliennes.
Citant l'accès aux archives israéliennes et britanniques, les « nouveaux historiens » israéliens ont remis en cause les thèses précédentes à partir des années 1990. Le premier d'entre eux, Benny Morris, est arrivé à la conclusion que l'exode fut avant tout le résultat de la guerre. Avant mai 1948, les Palestiniens fuyaient principalement les combats, notamment par crainte des atrocités, puis ils furent généralement expulsés au cours des opérations militaires israéliennes. Benny Morris explique cependant qu'il n'a pu montrer ou découvrir que cela ait été le résultat d'une politique délibérée. Ses recherches et conclusions remettent ainsi en cause les thèses précédentes.
La thèse de Ilan Pappé est quant à elle plus proche de l'historiographie palestinienne. Il considère que l'exode palestinien est comparable à une épuration ethnique qui aurait été le résultat d'une politique planifiée par David Ben Gourion et un objectif désiré par le mouvement sioniste. De plus, toujours selon lui, cette politique aurait été appliquée dès décembre 1947 et non pas seulement lors des expulsions qui se produisirent après juillet 1948. Benny Morris a également fait référence à plusieurs reprises à ces événements en les qualifiant de nettoyage ethnique.]